Mal-Etre identitaire ...

MAL-ETRE IDENTITAIRE DANS UNE SOCIETE DE CONSOMMATION

 

Erysichthon, fils d’un roi de Thessalie, commit le sacrilège d’abattre des arbres dans un bois consacré à Déméter, déesse de l’agriculture, du blé, des moissons. Elle le supplia d’arrêter. Erysichthon passa outre cette demande. Déméter pour le punir de son délit, le condamna à souffrir à la faim perpétuelle. Les parents d’Erysichthon ne pouvant plus subvenir à sa demande incessante de nourriture le renvoyèrent. Sa fille ne supportant pas de voir son père souffrir, décida de se vendre comme esclave. Hélas rien ne suffisait ! Il finit par s’auto dévorer.

Au 21ème siècle, l’individu est confronté aux injonctions paradoxales de la société occidentale qui attend de lui qu’il ait les moyens de consommer, tout en le culpabilisant de polluer en surconsommant. Le sentiment de toute puissance de la satisfaction à la consommation immédiate flirte avec l’impuissance de stopper la surproduction.

L’omniprésence dans les médias de devoir briller, être disponible, performant, et surtout de ne renoncer à rien à travers une communication et un marketing aiguisé, créé une souffrance identitaire chez de nombreux sujets.

Nous devons posséder des objets identiques, voiture électriques, tablette, maison…sans distinction de besoins, de classes sociales, tout en revendiquant notre personnalité, notre bien-être, notre épanouissement.

Posséder un téléphone portable, cet objet que l’on chouchoute, que l’on veut pratique, efficace, performant, beau est une évidence.

C’est un objet transitionnel moderne que l’on renouvelle au moindre problème parce que nous sommes devenus dépendants. Une journée sans lui est inenvisageable pour beaucoup. À travers lui, une culture de la comparaison a pris place au fil des années avec le développement des réseaux sociaux : parler de ses exploits sportifs, filmer ses derniers achats, ses vacances, ses sorties aux restaurants… 

L’idéal du Moi s’expose !

Mais ce leurre entre cette vie idéalisée et réalité, entre Principe de Réalité et Idéal vont toucher le narcissisme secondaire. La névrose est alors narcissique. 

Cette connexion intensive aux réseaux, vient régulièrement réveiller chez le sujet l’angoisse du vide, celui d’abandon et peut retarder le travail de deuil.

Angoisse du vide, sentiment d’isolement, perte de sens, quand le téléphone ne sonne pas, quand la notification d’un « pouce en l’air », un « Like », un « cœur » ne vient pas. Le sujet fantasme avoir perdu quelque chose : une reconnaissance, une amitié, un amour, une relation… Cette angoisse qui envahit mais que le sujet n’arrive pas à maitriser.

Regarder les « stories » sur les réseaux, s’accrocher au fil des photos qui défilent, être confronté à une situation douloureuse qui doit être oubliée peut venir réactiver l’angoisse d’abandon.

Le sujet danse régulièrement avec le sentiment de vide, de perte, de manque, dans une société où la frustration est de plus en plus difficile à accepter.

Elle créé le désir en permanence, tout en rendant le sentiment de satiété impossible.

Comment dans ce contexte l’image de soi, la construction du Moi est-elle envisageable ?

Des philosophes disent que la société progresse sur le plan technologique alors que le sujet régresse sur le plan psychique.

Véronique POITOUX - Psychopraticienne analytique

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